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En 2020, l’activité partielle a concerné tous les secteurs et tous les profils de salariés

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8,4 millions de salariés en activité partielle en avril 2020, au pic du premier confinement.

L’activité partielle, ou chômage partiel, permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité, tout en assurant aux salariés une indemnisation pour leur perte de salaire. Ce dispositif est fortement mobilisé depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Alors qu’auparavant, l’activité partielle concernait majoritairement des hommes, plutôt âgés, ouvriers et exerçant dans le secteur industriel, les bénéficiaires de l’activité partielle sont désormais plus représentatifs de l’ensemble des salariés du privé.

Avant la crise, l’activité partielle concernait surtout des ouvriers de l’industrie

De 2015 à 2019, entre 25 000 et 50 000 salariés étaient placés en activité partielle en moyenne chaque mois.

FIGURE 1 | Nombres de salariés effectivement en activité partielle

Le dispositif était majoritairement utilisé par les secteurs industriels, qui recouvraient 54 % des effectifs en activité partielle en moyenne entre 2015 et 2019, contre 18 % de l’emploi salarié privé (figure 2). Le recours était moindre dans les services principalement marchands, qui représentaient 30 % des salariés en activité partielle mais 59 % des salariés du privé. Le dispositif était principalement mobilisé pour des raisons liées à la conjoncture économique mais également pour faire face à des circonstances exceptionnelles (inondations, grèves, attentats, gilets jaunes, Brexit, etc.).

L’activité partielle étant majoritairement sollicitée par l’industrie, notamment l’automobile, elle était à dominante masculine (74 % en moyenne entre 2015 et 2019, contre 55 % d’hommes salariés du privé) et concernait surtout des ouvriers (respectivement 68 % et 27 %). La proportion de seniors parmi les salariés placés en activité partielle était supérieure à celle de l’ensemble des salariés du privé, même si les écarts de structure par âge tendaient à s’amoindrir. Ainsi, les 50 ans ou plus représentaient 43 % des salariés en activité partielle en moyenne entre 2015 et 2019, contre 27 % chez les salariés du privé.

FIGURE 2 | Répartition sectorielle des salariés en activité partielle

Avec la crise, l’activité partielle s’est étendue à tous les secteurs

La crise sanitaire conduit à un changement d’échelle du dispositif. L’activité partielle concerne 6,7 millions de salariés en mars 2020 et jusqu’à 8,4 millions en avril, au pic du premier confinement (figure 1). À l’été, malgré le déconfinement et la levée de nombreuses restrictions, plus d’un million de salariés sont toujours en activité partielle.

Comparativement à la situation d’avant crise, la structure sectorielle des salariés placés en activité partielle se déforme. L’arrêt complet de l’activité dans certains secteurs, comme l’hébergement-restauration et les services aux ménages, se traduit par un doublement du poids des services principalement marchands : il passe de 30 % en février 2020 à 65 % en mars (figure 2) et dépasse ainsi sa part dans l’emploi salarié privé. L’arrêt soudain des chantiers conduit aussi à une hausse de la part de la construction au début de la crise sanitaire. Néanmoins, cette part reflue dès le mois de mai (8 %, puis 3 % en juin) suite au déconfinement. À l’inverse, la place des services marchands s’accroît au fil des mois, principalement en raison de la reprise plus lente et plus tardive des activités d’hébergement et de restauration.

En 2020, l’activité partielle a ainsi touché tous les profils de salariés

Le changement de structure sectorielle de l’activité partielle entraîne un rapprochement entre le profil des salariés placés dans ce dispositif et celui de l’ensemble des salariés du privé. Ainsi, la part des femmes parmi les personnes en activité partielle augmente nettement, passant de 26 % en moyenne entre 2015 et 2019 à 45 % environ suite à la crise, rejoignant ainsi celle observée sur l’emploi salarié privé.

FIGURE 3 | Répartition par sexe des salariés en activité partielle

La proportion de jeunes de moins de 25 ans s’accroît également : alors qu’elle était de 2 % en moyenne entre 2015 et 2019, elle s’élève à 11 % entre mars et octobre 2020, un niveau équivalent à celui des salariés du privé.

FIGURE 4 | Répartition par tranche d’âge des salariés en activité partielle

Par ailleurs, la part des ouvriers parmi les salariés en activité partielle diminue nettement lors du premier confinement. Elle reste néanmoins supérieure à celle prévalant dans l’emploi salarié privé, en raison notamment du fort recours à l’activité partielle dans la construction. De juin à septembre 2020, avec la reprise de l’activité dans ce secteur, la répartition par catégorie socioprofessionnelle des salariés en activité partielle rejoint progressivement celle des salariés du privé. C’est le cas notamment chez les cadres, suggérant un taux de recours identique aux autres catégories socioprofessionnelles, bien que leurs emplois soient théoriquement davantage concernés par le télétravail.

FIGURE 5 | Répartition par catégories socioprofessionnelles des salariés en activité partielle