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Le syndicalisme face aux différentes formes de la flexibilité : enquête sur trois secteurs

Cette étude compare les pratiques syndicales et les formes de mobilisation collective des salariés.

Elle le fait dans trois secteurs d’activité : La Poste, où une partie importante du personnel est recruté en CDD, la sous-traitance de la pétrochimie et la restauration rapide caractérisée par une forte flexibilité des conditions de travail. Dans les trois configurations, la précarité professionnelle se traduit par une instabilité et un émiettement spatiotemporel des collectifs productifs qui forment le premier obstacle à l’émergence d’une solidarité et d’une action collective.

Mais si à La Poste, la « titularisation des précaires » constitue un horizon possible pour les nombreux salariés en CDD, ce n’est le cas ni dans la sous-traitance pétrochimique, ni dans la restauration rapide. Dans la plupart des cas, la priorité de l’intervention syndicale réside alors dans l’obtention de la simple application du droit du travail et du droit syndical.

Cependant, de nouvelles revendications apparaissent comme celle d’un nouveau statut d’emploi, « statut de site » ou statut de « travailleur de la sous-traitance » dans la pétrochimie. Les revendications de maintien du statut en cas de changement d’employeur, ou d’unification des conditions d’hygiène et de sécurité au travail, en constituent des étapes intermédiaires. Quant à la restauration rapide, l’instabilité structurelle d’une main-d’œuvre qui n’y voit généralement qu’un emploi de passage vers d’autres secteurs professionnels plus attractifs constitue un obstacle majeur à une stratégie collective de sécurisation professionnelle. La consolidation de noyaux syndicaux dans les quelques restaurants qui en bénéficient apparaît dès lors comme un objectif relativement ambitieux. Dans ces deux secteurs, c’est en « sortant de l’entreprise » que des syndicalistes tentent d’adapter leur action aux nouvelles réalités productives.