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Travail : des conditions mal supportées en 1991

Aujourd'hui, plus qu'en 1978 et 1984, les salariés interrogés déclarent que leur travail s'accompagne de contraintes et de nuisances.

Aggravation réelle, perception plus aiguë, la part des facteurs objectifs et subjectifs est difficile à démêler (voir «des résultats surprenants», page 2). Les travailleurs ressentent davantage les pénibilités et les risques dans les petites entreprises que dans les grandes, dans le secteur public que dans le privé. C'est aussi dans le secteur public et les petites entreprises que la situation s'est le plus dégradée. Le BTP reste le secteur le plus dur quant aux pénibilités physiques, mais les salariés du tertiaire indiquent, plus qu'avant, qu'ils subissent des nuisances.

Le travail est aussi source de tension nerveuse, d'inquiétude. Les postes qualifiés de l'industrie requièrent attention. Même s'ils le souhaitent, coopérer avec des collègues est difficile pour les ouvriers non qualifiés. Les cadres se décrivent comme fréquemment débordés. Et c'est le manque de moyens, matériels et humains, qui gêne le plus une partie des agents de la Fonction publique.

Les pénibilités sont, pour partie au moins, liées aux changements dans l'organisation du travai. La demande des clients pèse davantage sur le rythme de travail, les délais sont plus serrés. L'autonomie des travailleurs progresse, pourtant le travail à la chaîne ne recule pas. La polyvalence se développe. Le travail du samedi est plus fréquent, mais pas le travail de nuit.

Les changements dans l'organisation du travail n'ont cependant pas été aussi rapides que les progrès de l'informatisation, loin s'en faut. Les technologies du traitement de l'information ont opéré une percée entre 1987<2 > et 1991: informatique, traitement de texte, minitel, vidéo ont aujourd'hui plusieurs millions d'utilisateurs. Ces technologies ne sont pas à la portée de toutes les entreprises: les petites entreprises, les collectivités locales demeurent moins équipées que les grandes entreprises ou l'État.

Contrairement aux attentes qu'elles avaient suscitées, les nouvelles technologies ne se sont pas accom­pagnées d'améliorations décisives des conditions de travail.