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Négociation collective des salaires et passage à la monnaie unique

Une comparaison Allemagne-Espagne-France-Italie

Au cours des années quatre-vingt-dix, les systèmes de négociation collective des salaires de l'Allemagne, de l'Espagne, de la France et de l'Italie ont été fortement sollicités par un environnement en profonde transformation.

La large diffusion des innovations technologiques, les modifications significatives des modèles de production et de l'organisation du travail, et l'approfondissement du processus d'intégration européenne ont incité les acteurs sociaux à adapter les systèmes nationaux de relations professionnelles et anticiper les effets de l'introduction de l'Euro. Ils ont ainsi ouvert la voie à un certain nombre de reformes institutionnelles dans la recherche de nouveaux compromis durables en matière de modération salariale, d'emploi et de compétitivité.

Dans ce contexte, plusieurs mouvements s'observent en parallèle dans les quatre pays : net ralentissement des salaires et des coûts salariaux, accords interprofessionnels au sommet donnant le signal d'une décentralisation de la négociation, meilleure articulation des niveaux de la branche et de l'entreprise, multidimensionnalité de la négociation et rôle croissant joué par les composantes variables de la rémunération.

Pour autant, les pactes sociaux adoptés n'ont pas partout le même caractère, chaque pays demeurant marqué par ses institutions et son style de négociation propres.

L'ampleur de la transformation en cours est mise en évidence par l'écart d'évolution entre salaires effectifs et salaires conventionnels dans les quatre pays. Alors que dans le passé, cette dérive était positive et substantielle, dans les années quatre-vingt-dix elle enregistre au contraire des valeurs très fréquemment négatives ou proches de zéro.