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Les 35 heures, l'emploi et les salaires

Au début de l’année 2000, quatre ans après l'adoption de la loi « Robien », deux ans et demi après celle de la loi « Aubry 1 », il est maintenant possible d'analyser les premiers effets de ces deux dispositifs d'incitation à la réduction du temps de travail.

Les enquêtes sur l'activité et les conditions d'emploi de la main-d’œuvre (Acemo), qui portent sur la durée du travail, les salaires et l'emploi, permettent de confronter les évolutions observées dans les entreprises engagées dans chacun des deux dispositifs à celles des autres entreprises. 

Environ un trimestre après la signature de l'accord, les entreprises pionnières mettent effectivement en œuvre la réduction du temps de travail, et déclarent une baisse de la durée collective hebdomadaire de l'ordre de 10 %. Au cours des deux trimestres qui suivent l'accord, les entreprises concernées par le volet offensif des dispositifs embauchent un nombre de salariés conforme aux engagements contractés. Comparés aux établissements restés à 39 heures, les établissements Robien ou Aubry ont connu par le passé une dynamique de l'emploi plus rapide; en tenant compte de cette spécificité, les premières évaluations permettent d'estimer un effet net de la réduction du temps de travail sur l'emploi de l'ordre de 6 % à 7 % sur deux ans.

Par ailleurs, on observe dans ces entreprises une augmentation moins importante des salaires de base, la différence avec les autres étant de l’ordre de 1 % sur deux ans. Avec les gains de productivité et les allégements de cotisations sociales, cette modération salariale participe à l’équilibre du financement de la réduction du temps de travail. Celle-ci est aussi l’occasion de procéder à des réorganisations dans la gestion de la main-d’œuvre : utilisation accrue de la modulation des horaires, diminution des heures supplémentaires, recours moins important à l’emploi à durée limitée.