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Les fins de CDI dans les hôpitaux et hébergements pour personnes âgées du secteur privé

Au 3e trimestre 2023, les fins de CDI s’établissent à 22 % au-dessus de leur niveau d’avant-crise dans les Ehpad privés, 15 % pour les hôpitaux privés et 18 % dans le secteur privé pris dans son ensemble.

Une hausse des fins de CDI dans un contexte de tensions de recrutement accrues

Dans les hôpitaux et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privés, les fins de CDI diminuent de manière plus contenue au moment de la crise sanitaire que dans l’ensemble du secteur privé (graphique A). Depuis début 2022, leurs dynamiques redeviennent assez similaires. Au 3e trimestre 2023, les fins de CDI s’établissent à 22 % au-dessus de leur niveau d’avant-crise dans les Ehpad privés, 15 % pour les hôpitaux privés et 18 % dans le secteur privé pris dans son ensemble.

Cette hausse des fins de CDI dans les hôpitaux et les Ehpad privés intervient dans un contexte d’accentuation des tensions de recrutement chez les professionnels du soin. Alors que les tensions sur le marché du travail diminuent en 2020 dans pratiquement tous les métiers avant de rebondir en 2021, elles s’accroissent fortement dans les métiers de la santé en 2020 [6,7] et cette augmentation se poursuit les années suivantes : en 2022, les infirmiers et les aides-soignants se situent respectivement aux 6e et 28e rangs des métiers les plus tendus parmi les 87 familles professionnelles (contre les 46e et 40e rangs en 2019, données complémentaires disponibles en téléchargement).

Des démissions en nette hausse par rapport à l’avant-crise, des ruptures conventionnelles en baisse marquée

À l’instar de l’ensemble du secteur privé, la hausse des fins de CDI dans les hôpitaux et les Ehpad privés, notamment fin 2021, est portée par les démissions de CDI (graphique B et données complémentaires en ligne). Entre le 4e trimestre de 2019 et le 3e trimestre de 2023, ces dernières augmentent de 40% dans les Ehpad privés, de 29% dans les hôpitaux privés, et de 33% pour l’ensemble du secteur privé.

Dans les hôpitaux et les Ehpad privés, les ruptures conventionnelles baissent en revanche nettement depuis fin 2020, et se situent au 3e trimestre 2023 à des niveaux bien inférieurs à l’avant-crise (−21% pour les Ehpad privés et −16% pour les hôpitaux privés entre les 4e trimestre 2019 et 3e trimestre 2023, graphique C). Ces replis contrastent avec les hausses observées dans l’ensemble du secteur privé (+17% sur la même période) et dans quasiment tous les grands secteurs d’activité (données complémentaires disponible en téléchargement).

Cette évolution peut de nouveau être reliée à celle des tensions de recrutement : côté demande de travail, avec la survenue de la crise sanitaire, certains employeurs sont probablement moins enclins à accorder des ruptures conventionnelles ; dans le même temps, côté offre de travail, l’intérêt pour les employés d’une rupture conventionnelle par rapport à une démission est plus limité en cas de tensions sur le marché du travail, puisque ces dernières laissent présager des reprises d’emploi rapides. Ces deux hypothèses ne sont ni exhaustives ni exclusives.

Un recours accru aux contrats courts

Entre fin 2019 et le 3e trimestre 2023, les fins de CDD de moins d’un mois progressent nettement dans les Ehpad privés (+18%) et dans le secteur hospitalier privé (+20%), alors qu’elles sont quasi stables dans l’ensemble du secteur privé (+1%) (graphique D). Ces hausses dans ces deux secteurs peuvent être liées à l’accentuation des tensions de recrutement ainsi qu’à l’augmentation des fins de CDI, qui peuvent toutes deux conduire à recruter des salariés en CDD dans l’attente de l’entrée en fonction de personnes embauchées en CDI. Elles peuvent également révéler un accroissement des absences ponctuelles. Dans ces deux secteurs, les employeurs justifient d’ailleurs le recours aux CDD courts en grande majorité par le remplacement d’un salarié [8] : au 3e trimestre 2023, 83% des CDD dans les Ehpad privés sont signés pour ce motif ; c’est le cas de 71% des CDD dans les hôpitaux privés, contre 31% dans l’ensemble du secteur privé.

Pour en savoir plus

Toutes les séries des mouvements de main-d’oeuvre sont disponibles via l’application interactive.

[1] Dinh L.-D. (2023), « L'emploi intérimaire poursuit son reflux au 3e trimestre 2023 (−2,1 %) », Dares Indicateurs n° 65, novembre.

[2] Bendounan A., Barry V. (2023), « Les licenciements de CDI pour faute grave ou lourde refluent depuis l'été 2022 », éclairage de : « Les embauches diminuent au 2e trimestre 2023 », Dares Indicateurs n° 58, octobre.

[3] Milin K. (2018), « Reconstitution des mouvements de main-d’œuvre depuis 1993 : guide méthodologique », Document d’études, Dares, n° 221, juin.

[4] Milin K. (2020), « Données sur les mouvements de main-d’œuvre : évolutions méthodologiques entre juin 2018 et juillet 2020 », Note, Dares, juillet.

[5] Dares (2023), « Note méthodologique : révision des séries des mouvements de main-d’œuvre (MMO) - 12 juillet 2023 », Note, Dares, juillet.

[6] Niang M., Chartier F., Lainé F. (2021), « Les tensions sur le marché du travail en 2020 », Dares Résultats n° 69, novembre.

[7] Ducatel V., Niang M., Chartier F., Lainé F. (2023), « Les tensions sur le marché du travail en 2022 », Dares Résultats n° 59, novembre.

[8] Obser J., Gouyon M. (2023), « Comment les employeurs recourent-ils aux contrats courts ? », Dares Analyses n° 24, avril.