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Post-crise sanitaire, une hausse des fins de période d’essai de CDI à l’initiative du salarié

Le marché de l'emploi français subit des secousses post-crise, avec une augmentation significative des ruptures de contrats à durée indéterminée (CDI) pendant la période d'essai.

Sur la période récente, une hausse des fins de période d’essai de CDI plus marquée dans les établissement de plus de 10 salariés, ainsi que dans l’industrie et le tertiaire

Les ruptures de CDI durant la période d’essai ont montré une tendance à la hausse entre 2018 et 2019, et cette tendance a persisté après la crise sanitaire, avec une augmentation de 29 % entre les 4e trimestres de 2019 et 2023 (voir graphique A). Après une période de reprise à la suite de la crise, ces ruptures ont connu une croissance significative entre mi-2021 et fin 2022, avant de marquer une pause début 2023, puis de reprendre leur augmentation jusqu'à fin 2023.

Cette dynamique observée en 2021-2022 provient principalement des établissements de plus de 10 salariés, tandis que la tendance générale reste stable dans les établissements de plus petite taille. Entre les 4e trimestres 2022 et 2023, les fins de période d’essai de CDI sont quasiment stables pour l’ensemble des tailles d’établissements. Comparativement à la période pré-crise sanitaire, fin 2019, les fins de période d’essai sont plus élevées de 14 % dans les établissements de moins de 10 salariés au 4e trimestre 2023, et de respectivement 35 % et 37 % dans ceux de 10 à 49 salariés et dans ceux de plus de 50 salariés.

Par secteur d’activité, après la phase de reprise mécanique post-crise, les fins de période d’essai de CDI augmentent surtout dans l’industrie et le secteur tertiaire. Dans la construction, elles sont quasiment stables à partir du 2e trimestre 2021. Finalement, au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d’essai de CDI dépassent leurs niveaux de fin 2019 de 41 % dans l’industrie, 29 % dans les services et seulement 9 % dans la construction.

Graphique A | Fins de période d'essai de CDI par taille d'établissement et par secteur d'activité

Lecture : au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d'essai dans les établissements de plus de 50 salariés sont 37 % au-dessus de leur niveau d'avant crise
Champ : France métropolitaine, secteur privé hors agriculture, intérim et particuliers employeurs.
Source : Dares, MMO.

Depuis début 2022, une hausse de la part des fins de période d’essai à l’initiative de l’employeur dans les embauches en CDI et une quasi-stabilisation de la part de celles à l’initiative du salarié

Mécaniquement, une fin de CDI durant la période d’essai suit nécessairement une embauche en CDI. Ainsi, une hausse tendancielle des fins de période d’essai s’interprète différemment selon qu’elle s’accompagne d’une hausse, d’une stabilité ou d’une baisse des embauches en CDI. L’étude du ratio entre les fins de périodes d’essai de CDI et les embauches de CDI permet de neutraliser l’effet lié à la dynamique de l’emploi sous-jacente, pour se concentrer sur les changements de comportement concernant les fins de périodes d’essai (graphique complémentaire D en ligne). C’est cette notion qui est privilégiée dans la suite.

Avant la crise sanitaire, les ruptures de période d’essai de CDI à l’initiative de l’employeur contribuent davantage à la hausse des fins de périodes d’essai que celles à l’initiative du salarié (graphique B1).

Graphique B | Fins de périodes d'essai de CDI à l'initiative de l'employeur et du salarié

Lecture (B1) : au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d'essai à l'initiative de l'employeur représentent 13 % des embauches de CDI.
Lecture (B2) : au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d'essai à l'initiative de l'employeur dans les établissements de moins de 10 salariés représentent 13 % des embauches de CDI.
Lecture (B3) : au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d'essai à l'initiative du salarié dans les établissements de moins de 10 salariés représentent 7 % des embauches de CDI.
Champ : France métropolitaine, secteur privé hors agriculture, intérim et particuliers employeurs.
Source : Dares, MMO.

Entre fin 2020 et début 2022, ce sont davantage les ruptures de périodes d’essai par les salariés qui participent à l’augmentation des fins de période d’essai de CDI. Ensuite, jusque fin 2023, la part des fins de période d’essai à l’initiative de l’employeur dans les embauches en CDI continue d’augmenter, alors que la part de celles à l’initiative du salarié reste globalement stable. Au 4e trimestre 2023, les fins de période d’essai de CDI à l’initiative du salarié représentent 9 % des embauches de CDI. Celles à l’initiative de l’employeur représentent quant à elles 13 % des embauches de CDI.

Cette tendance est observée pour les différentes tailles d’établissement et les grands secteurs d’activité. Seule la construction fait légèrement figure d’exception, avec une quasi-stabilité de la part des fins de période d’essai à l’initiative du salarié dans les embauches en CDI.

Au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d’essai de CDI à l’initiative du salarié représentent respectivement 5 %, 6 % et 9 % des embauches de CDI dans la construction, l’industrie et le tertiaire. Pour celles à l’initiative de l’employeur, les ratios s’élèvent dans ces mêmes secteurs d’activité à 10 %, 9 % et 14 %.

Graphique C | Fins de périodes d'essai de CDI à l'initiative de l'employeur et du salarié, rapportées aux embauches de CDI, par secteur d'activité

Lecture : au 4e trimestre 2023, les fins de périodes d'essai à l'initiative de l'employeur dans la construction représentent 10 % des embauches de CDI.
Champ : France métropolitaine, secteur privé hors agriculture, intérim et particuliers employeurs.
Source : Dares, MMO.