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Le conflit éthique environnemental au travail : une première analyse empirique à partir de l’enquête Conditions de travail 2019

Article du n°166-167 de la revue Travail et Emploi

Ces conflits, encore relativement rares, concernant moins de 10 % des travailleurs ; mais quand ils apparaissent, ils semblent affecter significativement les perspectives de carrière des travailleurs concernés et renforcer leur capacité d’engagement dans l’action collective.

En 2019, d’après l’enquête Conditions de travail, 31 % des actifs occupés estiment que leur travail peut avoir « des conséquences négatives pour l’environnement », dont 7 % pour qui c’est « toujours » ou « souvent » le cas. On distingue deux types de conflits éthiques environnementaux, selon que les conséquences négatives sont directes (pollutions sur site) ou indirectes (contribution fonctionnelle au consumérisme et à la surexploitation de la nature). Les premiers (conflits « directs ») sont signalés par des ouvriers exposés à des produits toxiques, à une faible autonomie et à l’insécurité économique et sanitaire au travail ; les seconds (conflits « fonctionnels »), plus rares, concernent plutôt des cadres du BTP (bâtiment et travaux publics), des chercheurs, des professionnels de la communication et de la vente, travaillant souvent en open space. Le conflit éthique environnemental est associé à des interactions avec les représentants du personnel. Il favorise les projets de reconversion professionnelle. Son lien avec la santé psychique dépend de l’âge des personnes concernées.

Mots-clés : travail, éco-anxiété, environnement, syndicalisme, conflit éthique

Environmental Ethical Conflict at Work. A First Statistical Analysis

In 2019, according to the French Working Conditions survey, 31% of workers believe that their work can have “negative consequences for the environment”, including 7% for whom it is “always” or “often” the case. There are two types of environmental ethical conflicts, depending on whether the negative consequences are direct (on-site pollution) or indirect (functional contribution to consumerism and overexploitation of nature). The first (“direct” conflicts) are reported by workers exposed to toxic products, low autonomy, economic and health insecurity at work; the second (“functional” conflicts) are rarer, and mainly concern civil-engineering executives, researchers, communication and sales professionals, often working in open space. Environmental ethical conflict fosters interactions with workers representatives. It is also associated with the desire for workers to change their occupation. Its link with mental health depends on the age of the people concerned.

Keywords: environment, ecological grief, work, ethical conflict, unions
JEL: Q5, J81, J53

Revue Travail et Emploi N°166-167