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Une nouvelle façon de classer les métiers en 2023

La refonte de la nomenclature des familles professionnelles

La Dares vient d’actualiser la nomenclature des familles professionnelles (FAP). Guillaume Touré, statisticien à la Dares, nous raconte les coulisses de cette refonte, qui ouvre la perspective à de nombreuses nouvelles analyses et études sur les métiers.

Peux tu nous rappeler ce qu'est une nomenclature ? 

Guillaume Touré : Les nomenclatures sont des regroupements d’individus, d’entreprises, etc. qui présentent des caractéristiques communes, dans le but de pouvoir les étudier. Ces rapprochements permettent de créer des grilles d’analyses, à partir desquelles sont réalisées nos études.

La nomenclature des familles professionnelles (FAP) sert donc à classer les métiers pour pouvoir les analyser ?

Guillaume Touré : Oui, plus précisément la FAP est la nomenclature qui fait le pont entre le Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (Rome) de Pôle emploi et la nomenclature Professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) proposée par l’Insee. Autrement dit, elle fait le lien entre les besoins en personnel et le nombre de personnes qui exercent ou sont susceptibles d’exercer un métier. Cette classification a permis notamment de produire les portraits statistiques des métiers (présentant la dynamique de l’emploi, la qualité de l’emploi et les caractéristiques des personnes en emploi par métier) et de développer l’étude des tensions sur le marché du travail, pour identifier quels sont les métiers qui rencontrent des problèmes de recrutements et pour quelles raisons.

Pourquoi mettre à jour la FAP en 2023 ?

Guillaume Touré : Depuis 2021, la nomenclature Professions et catégories socioprofessionnelles (2020) de l’Insee a connu une profonde rénovation : le nombre de catégories a fortement diminué pour être simplifié et le mode de collecte a évolué pour permettre aux personnes interrogées de choisir un statut d’emploi et un libellé de profession à partir d’une liste de référence. Les personnes qui ne trouvaient pas leur métier pouvaient faire une proposition libre, hors liste de référence (ex : ingénieur robotique, consultant en maîtrise de l’énergie).

Il était donc nécessaire d’adapter la nomenclature FAP à la nouvelle PCS. Pour garantir un niveau aussi fin que l’ancienne version (FAP 2009), nous avons choisi d’utiliser les libellés de profession PCS, qui fournissent plus de détails que les PCS. Cette refonte répond également à l'évolution des métiers, avec l'apparition de certains et la disparition d'autres, tout en tenant compte des changements technologiques et des évolutions dans l'organisation du travail.

Par exemple, si le métier de colporteur, c’est-à-dire de vendeur ambulant transportant avec lui ses marchandises de villages en villages, a aujourd’hui disparu en France, repérer les disparitions de métiers sur la période récente reste un exercice délicat car elles s’effectuent très progressivement et nécessitent un recul temporel suffisant.

À l’inverse, de nouveaux métiers apparaissent aujourd’hui notamment dans le secteur du numérique (« développeur IA », avec l’essor de l’intelligence artificielle) ou dans le domaine de la transition écologique.

Cette refonte répond également à l'évolution des métiers, avec l'apparition de certains et la disparition d'autres, tout en tenant compte des changements technologiques et des évolutions dans l'organisation du travail.

Comment la refonte des FAP a-t-elle été réalisée ?

Guillaume Touré : Pour constituer les nouvelles FAP, nous sommes partis de la liste de référence des PCS de l’Insee. Les libellés de professions qui étaient proches ont été regroupés, puis associés aux codes Rome qui leur correspondaient le mieux. Par exemple, les libellés de professions « fleuriste », « commerçant de fleurs », « commerçant en jardinerie » ont été regroupés puis associés au Rome « vente de végétaux ».

En revanche, pour les libellés de profession qui ne faisaient pas partie de la liste de référence, nous avons développé des méthodes de codages automatiques par machine-learning, pour pouvoir leur associer la FAP la plus vraisemblable.

Pour homogénéiser les FAP et assurer une bonne correspondance entre les trois nomenclatures, nous avons étroitement travaillé avec Pôle emploi. Nous avons également sollicité des experts métiers de différents domaines professionnels : des opérateurs de compétences, l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), France Stratégie, le Centre d’études et de recherche sur les qualifications (Céreq) ou encore l’Insee.
 

Quelles sont les prochaines étapes ?

Guillaume Touré : Suite à l’élaboration de cette nouvelle nomenclature des FAP, nous avons travaillé à la rétropolation des anciennes séries : nous avons recalculé les données des années antérieures avec la nouvelle FAP, pour étudier l’impact de la nouvelle nomenclature sur les tendances observées sur le marché du travail. Bientôt, nous pourrons publier des séries longues d’emplois par métier et des indicateurs de tension en nouvelle nomenclature FAP.