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Quelles explications possibles à la hausse du nombre des demandeurs d’emploi en activité ?

Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi ayant une activité de plus de 78 heures par mois (catégorie C), augmente nettement entre 2009 et 2021, particulièrement pour ceux qui travaillent à temps plein.

En moyenne entre 2013 et 2017, 71 % des demandeurs d’emploi en catégorie C sont en contrat temporaire et, en 2021, 61 % sont inscrits auprès de Pôle emploi depuis au moins un an. En moyenne entre 2013 et 2017, plus de trois quarts de ceux qui ont un contrat temporaire déclarent ne pas l’avoir choisi ; ceux en CDI à temps partiel souhaitent en majorité augmenter leur revenu et la moitié veulent accroître leurs horaires de travail. L’évolution des comportements d’inscription sur les listes contribue comptablement pour deux tiers à la hausse de la catégorie C entre 2013 et 2017, le développement des contrats temporaires pour le tiers restant.

Évolution du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi par catégorie, entre 2009 et 2021

L’appariement entre le Fichier historique de Pôle emploi (FH) et les données de l’enquête Emploi en continu de l’Insee (EEC) permet de croiser, d’une part, l’inscription à Pôle emploi et, d’autre part, les concepts de chômage, d’emploi et d’inactivité au sens du Bureau International du Travail (BIT). Il porte sur la période 2012-2017.

Le FH est une base de données administrative qui recense toutes les personnes ayant été inscrites à un moment donné à Pôle emploi sur les dix dernières années. Il documente notamment les caractéristiques d’une demande d’inscription, la catégorie de la demande, l’activité réduite, l’indemnisabilité et les modalités d’accompagnement, ainsi que les caractéristiques socio-démographiques du demandeur d’emploi.

L’EEC réalisée par l’Insee fournit une mesure régulière de l’emploi et du chômage au sens du BIT. Elle s’inscrit dans le cadre des enquêtes « Forces de travail » définies au niveau européen. Depuis 2003, elle est réalisée en continu tout au long de l’année. Les personnes enquêtées le sont durant six trimestres consécutifs.

Un certain nombre de variables en commun entre les deux sources permettent de rapprocher les individus. Le taux de couverture de l’appariement (c’est-à-dire le dénombrement des demandeurs d’emploi dans l’enquête par rapport au nombre de demandeurs d’emploi en France métropolitaine) est estimé à 81 % pour les demandeurs d’emploi en catégorie A et à 84 % pour l’ensemble des catégories.
 

Une première décomposition des demandeurs d’emploi en catégorie C revient à distinguer les différents types d’emploi qu’ils exercent :

Formule du calcul des demandeurs d'emploi de catégorie C

Ensuite, sur les demandeurs d’emploi en CDD par exemple, il est encore possible de procéder à une seconde décomposition, afin de faire apparaître différents phénomènes économiques. En effet, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie C et titulaires d’un CDD peut augmenter si (non exclusif) :

  • les salariés en CDD ont davantage tendance à s’inscrire à Pôle emploi, par exemple s’ils bénéficient du cumul allocation/salaire (effet comportement d’inscription) ;
  • le nombre de contrats courts augmente dans l’économie, avec une part des CDD dans l’emploi qui s’accroît (effet structure de l’emploi) ;
  • enfin, s’il y a plus d’emplois dans l’économie (effet volume de l’emploi).

Cette analyse peut se faire pour les trois différents types d’emploi (CDI, CDD, intérim), ou encore pour les indépendants. En se focalisant sur les individus ayant un CDD ou un CDI, la décomposition suivante est obtenue :

Formule mathématique présentant la décomposition (CDI, CDD) des demandeurs d'emploi en catégorie C

À partir de cette décomposition comptable, il est possible de calculer la contribution de ces effets à la variation de la catégorie C.

  • La contribution à la variation de la catégorie C de l’évolution du comportement d’inscription des CDI (et de manière similaire pour les autres types de contrats) est obtenue par :
Formule mathématique pour calculer la contribution à la variation de la catégorie C de l’évolution du comportement d’inscription des CDI (et de manière similaire pour les autres types de contrats)
  •  La contribution à la variation de la catégorie C de l’évolution de la part des CDI dans l’emploi total correspond à :
    Formule mathématique pour calculer la contribution à la variation de la catégorie C de l’évolution de la part des CDI dans l’emploi total
  • La contribution à la variation de la catégorie C de l’évolution du volume d’emploi total est : 
Formule mathématique pour calculer la contribution à la variation de la catégorie C de l’évolution du volume d’emploi total

La somme des contributions est proche de la variation des demandeurs d’emploi de catégorie C issue de l’appariement FH-EEC (différence de 2 % maximum en raison de termes de second ordre non pris en compte). L’évolution par rapport à 2013 est calculée par cumul des contributions à l’évolution d’une année sur l’autre. Les évolutions sont enfin recalées pour correspondre à l’évolution de la catégorie C issue de la source conjoncturelle mobilisée pour suivre le nombre de demandeurs d’emploi.