Les attitudes des Français sur le chômage et la politique d'emploi dans les années 80 et 90

Ces douze années d’enquête illustrent leur pessimisme face à la montée du chômage et leur relatif scepticisme quant aux mesures mises en œuvre pour lutter contre celui-ci. Ceux-ci s’aggravent surtout depuis le début des années 90, notamment parmi les cadres : fin 1996-début 1997, près de neuf personnes sur dix interrogées jugeaient les mesures prises « peu » ou « pas du tout efficaces ».

Ces enquêtes montrent, aussi, l’ambivalence des Français face aux orientations des politiques en faveur de l’emploi. L’abaissement des charges sociales des entreprises rencontre un large accord. Simultanément, se renforce un sentiment favorable à une réduction de la durée du travail, bien que des hésitations se manifestent quant à son impact sur l’emploi. Le travail à temps partiel est très largement considéré comme un outil de réduction du chômage, mais beaucoup de ceux qui adhérent à cette proposition ne sont pas disposés à accepter un emploi de ce type.

Les Français apparaissent, par ailleurs, très attachés à une large indemnisation des chômeurs. Cette couverture sociale ne doit toutefois, dans leur esprit, rester qu’un pis-aller provisoire, la réinsertion des chômeurs par la formation devant être privilégiée. Enfin, lorsque l’équilibre financier de l’assurance-chômage est menacé, l’attachement à ce que tous les chômeurs soient largement et correctement indemnisés conduit un nombre croissant de nos concitoyens à préférer une augmentation des prélèvements à une réduction des prestations.