Publication

Analyse de l'évolution des statistiques de demandeurs d'emplois inscrits à l'ANPE de la mi 2005 à la fin 2006

Le chômage, comme les deux autres grandes notions qui structurent la description du marché du travail, l’emploi et l’inactivité, fait l’objet de différentes définitions et donc de différentes mesures.

On dispose de deux sources principales pour suivre l’évolution du chômage, l’enquête Emploi de l’INSEE et les statistiques mensuelles de demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à l’ANPE (DEFM). L’existence de plusieurs indicateurs relatifs au chômage n’est pas en soi anormale. Au contraire, cette pluralité est souhaitable car il est difficile de définir le contour exact du chômage, tant les situations à la lisière de l’emploi, du chômage et de l’inactivité se sont développées au cours des dernières décennies. Par exemple, un demandeur d’emploi qui exerce une activité réduite est dans une situation intermédiaire entre le chômage et l’emploi ; un chômeur dispensé de recherche d’emploi et qui de fait ne fait plus de démarche pour trouver un travail se situe entre le chômage et l’inactivité. Mais, en 2006, pour la première fois, des indicateurs qui rendent compte en principe de la même réalité ont divergé fortement. Selon les résultats de l’enquête Emploi pour 2006, le taux de chômage serait au même niveau en moyenne annuelle qu’en 2005, soit 9,8 %. Selon l’estimation provisoire mensuelle fondée sur les statistiques de demandeurs d’emploi, le taux de chômage aurait diminué à 9,1 % en 2006.

L’ampleur de l’écart entre les deux sources et certaines interrogations relatives à l’enquête Emploi ont conduit l’INSEE à reporter la publication de son enquête et l’utilisation de ses résultats pour la mesure du chômage. Certaines modifications dans la gestion des demandeurs d’emploi par le service public de l’emploi (SPE) ont par ailleurs contribué à affecter les statistiques de l’ANPE sans que la réalité du chômage ne soit modifiée. L’objet de ce document de travail est de présenter les effets de ces modifications qui ont pu être quantifiés à ce jour. Les analyses menées par l’INSEE et la Dares ne permettent cependant pas de comprendre la totalité de l’ampleur de la divergence entre les deux sources. Des travaux supplémentaires vont être poursuivis, notamment en ce qui concerne l’impact possible de la réforme de la filière de l’assurance chômage de 2003.

Sur la période récente, les évolutions des agrégats statistiques usuels de DEFM (catégorie 1, catégories 1+6, catégories 1+2+3 hors activité réduite…) délivrent un même message : celui d’une baisse très sensible du chômage depuis la mi-2005. Par construction, c’est aussi le message que renvoie la série mensuelle de chômeurs au sens du BIT, calée à court terme pour l’essentiel sur l’évolution des DEFM 1+2+3 hors activité réduite : d’après ces estimations provisoires, le taux de chômage au sens du BIT s’établirait ainsi à 9,1 % en moyenne annuelle en 2006 (avant calage sur les résultats de l’enquête Emploi), après 9,8 % en 2005. L’enquête Emploi de l’INSEE renvoie cependant un message bien différent : le taux de chômage serait stable en moyenne annuelle entre 2005 et 2006 à 9,8 %.

L’analyse des flux d’entrées et de sorties des listes de l’ANPE montre à cet égard une brusque accélération du turnover à partir de la mi-2005, sous l’effet notamment de la hausse des sorties pour absence au contrôle et radiations administratives, dont une partie seulement correspond à des reprises d’emploi non déclarées. Les sorties pour absence au contrôle ou radiation administrative ne correspondant pas à une reprise d’emploi engendrent mécaniquement des réinscriptions relativement rapides et poussent le turnover à la hausse.
Celui-ci atteint actuellement un niveau exceptionnellement élevé.