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RTT et organisation du travail : l'incidence des lois Aubry II

Cette recherche a pour objectif l’évaluation des transformations induites par la RTT sur les communautés de travail, sur les systèmes productifs et leur niveau de performance.

L’analyse vise à apprécier les effets de la mise en oeuvre des 35 heures sur le management des organisations et la gestion des temps. L’une des questions centrales concerne la mesure de la performance et le rôle de la variable temps dans cette mesure. La RTT conjuguée à la recherche de performance par les organisations productives conduit-elle à des formes d’intensification du travail et de « durcissement » de la variable temps ? Quels impacts peut-on relever du point de vue de la gestion organisationnelle ? Les entreprises que nous avons sollicitées dans divers secteurs d’activités ont toutes en commun d’être passées aux 35 heures sur la base de la seconde loi Aubry (janvier 2000). Quatre secteurs sont concernés : la banque, les services informatiques, la plasturgie et la métallurgie. Un trait commun aux entreprises étudiées est leur attentisme. Aucune n’avait anticipé les 35 heures et n’a pu faire état plus généralement d’un projet sur lequel elle aurait pu adosser son travail de mise en œuvre de la RTT.

Une première conclusion de la recherche a trait aux modes de management de la flexibilité. Dans les entreprises enquêtées, la réduction du temps de travail a été compensée par l’invention et l’usage accru de nouvelles sources de flexibilité : usage stratégique des jours RTT, gestion des inter-contrats, temps de formation diminués voire pris sur le hors travail, flexibilités clandestines (dépassements d’horaires pour faire face à des pics d’activité). Ces modes de flexibilité résultent d’un ajustement étroit à une situation conjoncturelle dépressive.

Une autre conclusion de cette investigation concerne les effets de la RTT sur les conditions de travail : un tiers des salariés estime que le passage aux 35 heures s’est traduit par une intensification de leur travail. Si, par ailleurs, dix pour cent d’entre eux seulement souhaiterait faire marche arrière, la moitié pense qu’un autre aménagement de leur temps serait une bonne chose.