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Les grèves en 2020

Recul des arrêts de travail dans un contexte de crise sanitaire

En 2020, 1,2 % des entreprises ont connu un ou plusieurs arrêts collectifs de travail, représentant 18 % des salariés du champ. Cette proportion diminue de moitié par rapport à 2019 (-1,3 point).

L’industrie (2,3 %) ainsi que l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale privés (3,4 %) figurent parmi les secteurs les plus concernés par des grèves.

Le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève (JINT) pour 1000 salariés atteint 67 en 2020. Il diminue très nettement par rapport à l’année précédente (-58 %). Les arrêts collectifs de travail sont essentiellement portés par des mouvements interprofessionnels. Le nombre de JINT pour 1000 salariés le plus élevé se situe dans le secteur des transports et de l’entreposage (448). Les rémunérations (48 %) et les conditions de travail (24 %) sont les deux premiers motifs cités par les entreprises ayant connu au moins une grève en 2020.


En 2020, selon l’enquête Acemo sur le dialogue social en entreprise1, 1,2 % des entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole déclarent au moins un arrêt collectif de travail, quels que soient la durée et le nombre de participants. Cette proportion diminue de 1,3 point par rapport à 2019, ce qui représente une baisse de moitié. Durant une année marquée par la crise sanitaire, un recours inédit au chômage partiel et aux mesures d’interdiction d’accueil du public, le taux d’entreprises connaissant au moins une grève avec arrêt de travail est le plus faible observé depuis 2005 et la mise en place de l’enquête (graphique 1). 18,2 % des salariés travaillent dans une entreprise qui connait au moins un arrêt collectif de travail, une part qui régresse de 6,7 points par rapport à l’année précédente (tableau 1).

GRAPHIQUE 1 | Entreprises ayant déclaré au moins une grève et nombre de jours de grèves pour 1 000 salariés de 2005 à 2020*

TABLEAU 1 | Conflictualité selon le secteur d’activité

Lecture : dans l’industrie, le nombre de journées non travaillées pour fait de grève rapporté aux effectifs salariés de ce secteur équivaut à 93 jours pour 1 000 salariés en 2020. Rapporté aux effectifs des entreprises dans lesquelles un conflit a eu lieu, ce chiffre atteint 360 jours pour 1 000 salariés. 26,4 % des salariés de ce secteur appartiennent à une entreprise dans laquelle un conflit a eu lieu.

Des grèves en repli dans la plupart des secteurs

Les grèves sont structurellement plus fréquentes dans les entreprises de grande taille. En 2020, un quart des entreprises de plus de 500 salariés en connaissent (une baisse de 10 points par rapport à 2019), contre moins d’un pour cent des entreprises de 10 à 49 salariés (tableau 2). Les entreprises industrielles y sont plus souvent confrontées : 2,3 % des entreprises sont concernées, en particulier dans la fabrication de matériels de transport (9,2 %), ainsi que dans l’industrie extractive, l’énergie, l’eau, la gestion des déchets et la dépollution (3,4 %) (tableau A en ligne). Les grèves sont aussi plus répandues dans certaines activités tertiaires comme l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale privés (3,4 %). Elles sont, en revanche, très rares dans la construction (0,1 %).

La part d’entreprises ayant connu au moins un arrêt collectif de travail diminue par rapport à 2019 dans tous les secteurs. La baisse est plus marquée, pour ce qui est du secteur tertiaire, dans le secteur de l’information-communication (-2,5 points) et les activités financières (-3,1 points) et, du côté des activités industrielles, dans les « industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution » (-4,9 points), et « fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines » (-2,5 points).

TABLEAU 2 | Entreprises ayant déclaré au moins une grève selon la taille

Lecture : dans les entreprises de 50 à 99 salariés, 3,6 % des entreprises ont connu au moins une grève en 2020 dans l’entreprise ou l’un de ses établissements.

Des grèves nettement moins intenses et aux motifs plus souvent d’ordre interne

L’intensité des grèves est estimée via l’indicateur des journées individuelles non travaillées (JINT) pour 1 000 salariés, calculé à partir de la durée des épisodes de grève et du nombre de salariés qui y participent. Au niveau global, cette intensité diminue nettement entre 2019 et 2020, en passant de 161 JINT pour 1 000 salariés à 67 (graphique 1). Cet indicateur revient au niveau observé durant les années les plus faiblement conflictuelles de la dernière décennie (2011 à 2015, et 2017). Elle diminue aussi parmi les entreprises ayant connu au moins une grève en 2020, avec 368 JINT pour 1 000 salariés soit -43 % par rapport à 2019 (tableau 1).

En 2020, 69 % des entreprises qui déclarent avoir connu au moins une grève indiquent que les revendications portaient sur des motifs extérieurs à l’entreprise, c’est-à-dire sectoriels ou interprofessionnels, contre 82 % en 2019 (tableau B en ligne). Les motifs propres à l’entreprise sont plus fréquents en 2020, qu’ils se combinent ou non avec des motifs extérieurs : 42 % des entreprises où au moins un arrêt collectif de travail est intervenu en signalent, contre 29 % l’année précédente. La part des entreprises qui déclarent à la fois des motifs internes et externes à l’entreprise reste de 11 %.

Revendications salariales et conditions de travail comme principaux motifs de grève

48 % des entreprises concernées par au moins une grève en 2020 signalent des revendications portant sur les salaires (tableau 3). Ce motif de grève reste le plus fréquent et augmente de 7 points par rapport à 2019. Les conditions de travail sont un motif de grève majeur cité par 24 % des entreprises, proportion en hausse de 4 points. La réforme des retraites est le troisième motif de grève (16 %, contre 40 % en 2019), suivi par l’emploi et le temps de travail (respectivement 14 % et 9 % en 2020). Ces deux derniers objets de revendications sont en augmentation par rapport à 2019 (respectivement +6 et +2 points). Seules 1 % des entreprises qui ont connu au moins un arrêt collectif de travail en 2020 évoquent des revendications liées au mouvement des « gilets jaunes ».

Le secteur des activités tertiaires cite un peu plus fréquemment que la moyenne les revendications sur les salaires (49 %, contre 48 %), le temps de travail (10 % contre 9 %) et surtout les conditions de travail (30 % contre 24 %). La structure des revendications dans l’industrie est relativement proche de celle de l’ensemble du champ, sauf en ce qui concerne les conditions de travail : ce motif de grève y est largement moins fréquent (11 % contre 24 %). Dans le transport et l’entreposage, les motifs liés à l’emploi et aux réformes des retraites sont plus répandus (29 % dans les deux cas) qu’en moyenne sur l’ensemble des secteurs, alors qu’inversement les revendications sur les rémunérations sont moins fréquentes (36 %).

TABLEAU 3 | Motifs des grèves selon le secteur d’activité

NR : non représentatif ; résultats non publiés car le nombre d’entreprises répondantes dans ces strates déclarant au moins une grève est trop faible pour permettre une estimation suffisamment précise.
Lecture : 48 % des entreprises de l’industrie indiquent que les rémunérations figurent parmi les motifs des grèves (ou de la grève) qu’elles ont connues en 2020. Le total des motifs est supérieur à 100 % car un même arrêt de travail peut porter sur plusieurs revendications.
Champ : entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole en France (hors Mayotte).
Source : Dares, enquête Acemo « Dialogue social en entreprise ».


1 - Les éléments présentés ici sont issus de l’enquête annuelle sur le Dialogue social en entreprise (DSE) réalisée courant 2021 sur l’année 2020 sur un échantillon représentatif des 245 000 entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole en France (hors Mayotte), qui emploient 15,0 millions de salariés. Les résultats proviennent de 11 349 entreprises ayant fourni des réponses.

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