Évènement

Travail de plateforme et usages de la protection sociale

Sommaire

Usages de la protection sociale, diversité des modèles d'affaires et des statuts des travailleurs, discriminations... Visionnez le colloque co-organisé par La Dares et la Drees, qui s'est tenu le 4 octobre dernier.

Ce colloque visait à présenter et discuter des différents enjeux autour du travail de plateforme en s’appuyant sur les travaux et analyses d’experts et de chercheurs de disciplines diverses.

Il prolonge les recherches menées dans le cadre d’un appel à projets sur l’économie collaborative, coordonné par les missions recherche de la Dares et de la Drees.

Ouverture et présentation de la journée

Michel Houdebine, directeur de la Dares

Véronique Simonnet, cheffe de la mission Animation de la recherche de la Dares
Valérie Ulrich, cheffe de la Mission recherche de la Drees

Table ronde 1 : Diversité des modèles d'affaires des plateformes et des statuts des travailleurs

Les plateformes affectent à des degrés divers de nombreux secteurs économiques. Elles modifient les rapports au travail, orientent certains modèles productifs vers l’externalisation, instillent de nouveaux modes de partage de la valeur ajoutée. Leur essor interroge sur la portée de ces évolutions : se concentrent-elles sur certains secteurs du fait de leurs caractéristiques propres, sont-elles l’expression d’innovations organisationnelles transitoires, ou bien amorcent-elles des transformations plus générales et plus profondes ?

Cette table ronde donnera à voir la grande variété des plateformes, tant par les activités et les marchés sur lesquels elles se positionnent, que par leurs organisations productives. Elle explorera ainsi les usages des différents statuts d’emploi (salarié, micro-entrepreneur, indépendant…) et la diversité des modalités de partage de la valeur ajoutée pour tenter d’éclairer deux questions : quelles évolutions attendre d’une économie qui se « plateformise » ? Quelles conditions pour assurer sa soutenabilité économique et sociale ?

Modérateur : Philippe Askenazy, économiste – CNRS et École normale supérieure
Tristan d’Avezac, dirigeant du cabinet Territoires Humains
Odile Chagny, économiste – Institut de recherches économiques et sociales
Yannick Fondeur, socio-économiste – Conservatoire national des arts et métiers
Corinne Vercher Chaptal, sciences de gestion – Université Sorbonne Paris Cité

Les plateformes alternatives, dès que leur modèle économique le permettent, ont recours au salariat de manière prioritaire.

Corinne Vercher Chaptal, sciences de gestion – Université Sorbonne Paris Cité

Table ronde 2 : Usage et recomposition(s) de la protection sociale

Les plateformes ont fait émerger de nouvelles formes d’emploi en bousculant les normes en termes de temps de travail, de durée de contrat, de subordination à un employeur. Elles répondent aux aspirations de certains travailleurs : percevoir une rémunération des fruits de leur travail sans que leur diplôme ou expérience entrent en considération, tester un projet professionnel en parallèle d’une autre activité lucrative, disposer de plus d’autonomie dans leur activité professionnelle, etc. Mais ces statuts d’emploi en marge du salariat interrogent la protection sociale au sens large, aussi bien le droit de la protection sociale stricto sensu que le droit du travail. Comment permettre à chacun d’exercer sa liberté du travail tout en lui assurant un filet de sécurité ? Comment mutualiser les risques lorsqu’une partie des activités échappe au financement socialisé ?

Cette table ronde s’intéressera aux enjeux que les plateformes soulèvent en termes de protection sociale et aux recompositions qu’elles engendrent. Au-delà des conditions d’octroi et du montant des prestations sociales, quelles formes d’accompagnement prévoir pour le travailleur de plateforme ? Quels choix en termes de qualification des contrats de travail ? Quelles actions collectives et innovations sociales ?

Modératrice : Isabelle Vacarie, juriste – Université de Nanterre
Flora Bajard, sociologue – CNRS et Université Aix-Marseille
Hélène Bussy-Socrate, management et théorie des organisations – Paris School of Business
Isabelle Daugareilh, juriste – CNRS et Université de Bordeaux
Josepha Dirringer, juriste – Université de Rennes 1
Maya Leclercq, sociologue – Sociotopie

Les mobilisations collectives ont ramené finalement au modèle historique que constituent les sociétés coopératives, les Scop.

Isabelle Vacarie, juriste – Université de Nanterre

Session 1 : Travail de plateforme et discriminations

Les plateformes de mise en relation reposent sur une automatisation plus ou moins forte des processus d’appariement entre offreurs et demandeurs. Les algorithmes trient, filtrent, classent les personnes, comme les biens et les services proposés. Leur supposée objectivité mathématique n’empêche cependant pas les algorithmes de générer des biais discriminatoires ou d’accentuer ceux existants. Ainsi, par exemple, une femme proposant des travaux de bricolage pourra être déclassée par un algorithme se basant sur la moindre proportion de femmes dans les métiers du bâtiment.

En mobilisant à la fois la recherche fondamentale, des analyses de terrain et des évaluations quantitatives, cette session s’articulera autour de deux questions principales. Par quels mécanismes des procédures automatisées, supposées neutres, sont porteuses de discriminations ? Comment se matérialisent-elles, comment les mettre en évidence et, enfin, comment les éviter ? 

Introduction : Guénolé Marchadour, sociologue – Cnam
Philippe Besse, mathématicien – Université de Toulouse, Institut national des sciences appliquées (Insa)
Dylan Glover, économiste – Institut européen d’administration des affaires (Insead)
Stéphane Le Lay, sociologue – Institut de psychodynamique du travail (IPDT)
Fabien Lemozy, sociologue – Institut de psychodynamique du travail (IPDT)

Les algorithmes se trompent plus pour certains types de populations, par exemple, les femmes d'origine africaine plutôt que les blancs d'origine européenne. Et ça peut amener à stigmatiser certains types de populations dans le cadre de reconnaissance automatique des personnes.

Philippe Besse, mathématicien – Université de Toulouse, Institut national des sciences appliquées (Insa)

Session 2 : Mesure du travail de plateforme

Le travail de plateforme brouille les frontières entre espaces, personnel et professionnel, et entre statuts : celui qui retire des gains via une plateforme ne le fait pas toujours à plein temps, ni de façon pérenne. Le concept de travail en est bousculé. Le périmètre de l’activité, défini en termes d’unités de temps et de lieu, est redessiné et de nouveaux défis sont posés à la statistique publique.

En s’appuyant sur des expériences de terrain et des travaux de quantification, cette session illustrera les différentes catégories d’analyse du travail et les enjeux soulevés en termes de mesure. Quelle forme prend le travail lorsqu’il est réalisé via des plateformes ? Comment le circonscrire, dénombrer les « travailleurs », mesurer leur activité ? Comment la statistique publique intègre-t-elle ces transformations ? 

Introduction : Sylvie Célérier, socio-économiste – Université de Lille
Marion Plault, sociologue – Université de Grenoble-Alpes
Nathan Rémila, statisticien – Institut national de la statistique et des études économiques (Insee)
Marine Snape, sociologue – École normale supérieure (ENS)
Marie Trespeuch, sociologue – Université Paris Sorbonne
Elise Verley, sociologue - Sorbonne université, GEMASS

On note une forme de contamination du travail sur tous les espaces de la vie, un débordement du travail. La frontière est floue entre ces activités de travail et les autres.

Sylvie Célérier, socio-économiste – Université de Lille

Clôture

Fabrice Lenglart, directeur de la Drees

Témoignages diffusés pendant le colloque